I BAGNI

I BAGNI

 

 

Les « Thermes de Speloncato » comme aimaient à les appeler Romulus CARLI, sont situés non loin de Giustiniani, ancien village médiéval en contre bas de Speloncato.

C’est Romulus CARLI lui-même qui les découvrit.

 

Dans ses fameux « Coups de plume variés d’un enfant de Balagne », il expose sa découverte. Lisons donc des extraits de ce qu’il écrivait vers 1890.

 

 

 

« … il y a eu aussi dans l’intérieur de l’arrondissement de Calvi, au coeur même de la Balagne, un établissement balnéaire considérable dont les ruines ont été mises à nu le 14 septembre 1838, à la suite d’une pluie diluvienne, qui fit déborder le Regino et dévier ses affluents sur le territoire de Speloncato, au Sud-Ouest de la belle vallée du Regino. Les propriétés sur lesquelles on peut encore voir les traces de l’établissement construit assurément dans les cinq premiers siècles de l’ère chrétienne, peut-être avant, c’est-à-dire pendant la domination romaine en Corse, occupent une superficie de cinquante hectares: elles sont couvertes d’olivets, de vergers, et dénommées par leurs propriétaires:

i bagni,  les bains …

 

…nous nous sommes rendu sur les lieux, avec des hommes âgés de Speloncato, des amis pro­priétaires agriculteurs, se rappelant parfaitement de l’inondation et de ses terribles effets, et ayant également une connaissance parfaite des proprié­tés ravinées.

L’établissement, ou pour mieux dire l’emplacement des bains, les propriétés qui l’entourent, ne sauraient être mieux comparés qu’à un beau port de mer, rond, entouré de collines, de rochers gigantesques qui le mettaient à l’abri du libeccio…

 

…Les fouilles que nous avons fait exécuter en présence de M. L’Ollivier, garde-mines du département  de la Corse, envoyé de l’administration, ont mis à nu le chauffoir et plusieurs piscines; ce jeune et compétent ingénieur auxiliaire a levé et, dressé, après notre ami Gaëtan Laurenti, de Ville de Paraso, le plan des découvertes; nous avons chargé M. Graziani, l’habile photographe bastiais, de le repro­duire.

 

D’après Romulus CARLI – 19^ème Siècle.

 

… L’eau recueillie au pied du contrefort de la chaîne de séparation du canton de Muro, de celui d’Olmi-Cappella, situé à 50 mètres du chauffoir et du versoir de distribution, contient du fer et de la silice, d’après l’analyse faite par M. Bonavita, le professeur estimé de chimie au lycée de Bastia….

 

… Les thermes de Speloncato, I Bagni, situés sur le territoire de Speloncato :

il n’y a pas en Corse un établissement similaire plus considérable : chauffoir, déversoirs, distributeurs, piscines, le tout d’un travail exquis, digne des Romains,…

 

… Leur fondation, d’après l’opinion, d’un jeune et savant archéologue, M. Etienne Michon, ancien élève de l’école normale supérieure et ancien élève de Rome (Chaire d’Archéologie), remonterait au IV^e siècle de notre ère.

L’importance de cet établissement balnéaire résulte péremptoirement du nombre, de la grandeur et de la beauté : ses piscines, pouvant commodément, assises, se baigner une vingtaine de personnes. Les parois de ces piscines en ciment romain  offrent une certaine analogie avec nos anciens réservoirs à huile.

Nous estimons plus que jamais que ces bains ont donné leur nom à notre région, la Balagne d’autrefois, du latin et du grec, Balinae et Balaneon, lieu de bains. »

 

La façade avec son ouverture, qu’on retrouve sur le plan ci-dessus.

Perforations sur le mur, permettant probablement

le passage d’anciennes canalisations

 

 

Chauffoir.

 

 

 

Détail du foyer d’un chauffoir.